Tango-Nuit
(extrait)
J'ai pris le train pour Buenos Aires. Un train qui passe sous la mer. Il fait une nuit éternelle dans ce train sous la mer. Le temps se compte en heures de nuit. C'est un grand silence à voyager sous la mer. Mais on entend quand même les accords au lointain. Ou les entend déjà quelques milliers de kilomètres avant d'arriver. Les sons portent loin sous la mer. Et quelques milliers de kilomètres avant d'arriver, on aperçoit les premiers danseurs. Ils dansent avant même la musique. On dirait qu'ils fabriquent la musique par la danse. Parfaitement silencieux... Parfois, dans leur sommeil, dans leur immobilité, la musique à l'inverse crée la danse. La musique, avec plusieurs milliers de kilomètres d'avance, sous la mer, fabrique les danseurs. Les danseurs de Buenos Aires ne savent rien de ces trains sous la mer, qui viennent vers eux, apportent de nouveaux danseurs, de nouvelles musiques. Les musiciens de Buenos Aires ne savent rien de ces cris sous la mer, qui avancent vers eux, et comblent déjà leurs silences. |
Voir aussi photos et informations sur le spectacle