Trois heures du matin

texte traduit en espagnol par Nicolas Folch

elle est morte
qu'est-ce qu'on attend
comme ça
trois heures
elle bouge
raconte
tu racontes
la neige
au milieu d'une phrase
on descend
c'était la seule
dans la vallée
la seule morte
l'hôpital
on a fait
quatre sont partis
en voiture
trois
puis deux vivants
il a pris sa main
quatre jamais
revenus
le bruit
une chambre
il a touché
un doigt
le passé
concentré
longtemps
je regardais
tout est loin
elle bouge
il
moi ?
le soleil
mais
un peu seulement
concentré sur le bras
une infirmière
"Elle est morte !"
concentré
je regarde
le monde s'arrête
elle fait tout comme lui
comme lui
juste les yeux
non
rien
l'infirmière
arrive
avec un médecin
une infirmière
elle dit
du bruit
une horloge enfouie
on s'est battus
elle ouvrait
elle criait
aucun bruit
on a cassé
les oiseaux
sortis
sont entrés
le médecin
les couloirs
deux fois
deux fois
tous
des trucs
ça va
non
elle fait tout
elle descend
mécanique
tout
du bois
les pieds nus
du petit bois
mécanique
comme avant
elle ne dort jamais
jamais
vérifié
sur la neige
tout se fait
on dormait le jour
les Alpes
Vienne
les quais
faiblement
ses reflets
empruntée
ensablée
une barque ordinaire
on marche mieux
tu le vois
non
on arrive
tu la vois
j'ai froid
et le réverbère
tu le vois ?
l'eau ne fait
ce qu'ils veulent
il font
du moment
du moment
elle chante
elle
sans arrêt
contient le jour
tout est sans arrêt
sans arrêt
on ne dort jamais
la barque
le réverbère
tout est très ancien
vivants
anciens
elle dort
j'étais
encore
repose
amoureux
amoureux
amoureux ?
suis-je
encore

elle est morte
comme ça
trois heures du matin
c'est calme
un peu
on était sept
en plein hiver
morte
au milieu
dans la vallée
morte c'était
la neige
le froid
est dans la vallée
sa toilette
quatre
le matin
simplement trois
deux
juste la main
quatre ne sont jamais
disparus
d'une horloge
seule
un doigt
juste le doigt
fait du bruit
sur le doigt
juste le doigt
par la fenêtre
si loin
le doigt
me fait signe
énervé
perce un peu
oui mais
très peu
le bras
infirmière
"Morte !"
sur les yeux
ailleurs
au bord du lit
tout
elle bouge les yeux
elle ne voit rien
tout
le soleil
une infirmière
elle entre
c'est pas possible
un médecin
"C'est pas possible !"
des histoires
sous la neige
avec le médecin
et fermait les yeux
par les yeux
la lumière
une vitre
entrés
les oiseaux
partis
blessés
elle est tombée
dans l'escalier
tous morts
la plupart
la plupart des trucs
les escaliers
pas les escaliers
comme lui
elle marche
elle porte
n'importe quoi
par exemple
dans la neige
elle marche
plus rien n'est
rien
se nourrit de feu
je n'ai pas
aucune empreinte
aucune ombre
avec difficulté
on avançait la nuit
le Danube
l'Autriche
éclairés
la nuit
une barque
louée ?
volée ?
dégagée
quand on dort
ce réverbère ?
un jour
non
la barque ?
moi aussi
en face
tu le vois ?
aucun bruit
ils le font
ce qu'ils veulent
du moment
qu'ils ont payé
elle bouge
toute la nuit
la nuit
sans arrêt
tout le temps
sans fin
on dort tout le temps
est très ancienne
très ancien
les passants
rares
éphémères
j'étais amoureux
je suis
elle
je suis
suis-je
suis-je encore
amoureux ?
encore
vivant ?




ce texte est paru
dans une version plus ancienne
dans "Cela fait-il du bruit ? (écrits pour la voix)"
chez VOIXéditions, 2004


texte traduit en espagnol par Nicolas Folch